La lune s’était levée depuis peu de temps, mais c’était l’hiver : une période bénie pour les vampires car la nuit était longue et douce. La marquise prenait alors son temps : à son âge, on avait depuis longtemps reçu la bénédiction qu’était la patience et Meribah avait prit l’habitude d’organiser son temps sans se presser. Elle était actuellement en train de finir de se vêtir lorsqu’une de ses dames de compagnie pénétra dans ses appartements, venue pour l’assister, serrant son corsage. Comme toutes ses dames de compagnie, la jeune demoiselle, choisie parmi les plus belles des alentours, était un de ses calices : une humaine qui acceptait volontairement de lui servir de nourriture. La noble lui fit un geste, l’invitant à se rapprocher. Elle lui caressa le visage doucement.
Comme tous les vampires, Meribah la fière était dotée d’un charme et d’un charisme fou. Elle était faite de sensualité et sa présence seule suffisait souvent à faire tomber les humains sous son pouvoir. C’était différent pour les vampires, mais même parmi eux, elle avait une présence qui attirait l’attention. L’humaine l’avait laissé délacer son corsage qui s’ouvrait désormais sur une jolie poitrine, et sur une gorge pâle. Elle entendait son cœur battre à tout rompre, voyait ses yeux mi-clos et son teint rougi par l’attente. Car le baiser d’un vampire était ce qu’il y avait de mieux. La morsure était presque un acte sexuel en elle-même. Jouant sur l’ambigüité du moment, elle caressa ses cheveux et vint lui tenir la taille alors qu’elle plongeait sa tête dans sa gorge pour aller mordre sa victime consentante.
Et puis la Marquise sortit de la chambre, abandonnant derrière elle le corps épuisé d’une paysanne qui mettrait sans doute quelques jours avant de se remettre complètement de la morsure. C’était ainsi que Meribah fonctionnait. Elle ne tuait pas, ou alors très rarement. A la place, elle s’entourait d’humains prêts à se sacrifier pour elle, et surtout, prêts à s’ouvrir les veines pour la nourrir. Peu de temps, elle était à la cour, et un jeune vampire lui murmurait quelque chose à l’oreille. Quelque chose qui la fit sourire. Elle hocha la tête et lui donna l’autorisation de partir. Kamijo était furieux, terriblement furieux. On l’avait entendu dans tout le château expulser sa colère sur son second, Mikaru.
La noble se redressa, portant une robe semblant sortir de l’ancien temps, un corset marquant sa taille, et ses cheveux bruns châtains foncés tombant sur ses épaules. Quelques nobles la suivirent, lu faisant la conversation. Et puis, alors qu’elle regardait par la fenêtre, elle aperçut une jeune femme dans la cour du château. Souriant à nouveau, elle s’excusa auprès de son petit harem et s’éclipsa.
Un instant après, elle sortait de la demeure, se dirigeant tranquillement vers la femme. C’était une dame de la petite noblesse, encore jeune et fougueuse. Mais d’après ce qu’elle savait, son allégeance n’allait pas à Kamijo, cela lui suffirait. Et puis, la demoiselle était particulièrement bien faite de sa personne. Lui souriant, elle entama la conversation par une phrase des plus banales :
« C’est une belle nuit, n’est-ce pas ? »
Meribah souriait en disant cela. Oui, c’était une belle nuit : les traitres s’étaient échappés et Kamijo était terriblement en colère.